Les cosmétiques sont les produits qu’on met en contact avec la peau, les cheveux ou encore les ongles pour les nettoyer et embellir… Leurs effets négatifs sur la partie du corps concernée ou sur la santé en général ne sont pas nouveaux – le plomb, très toxique, entrait par exemple dans la composition de produits de maquillage déjà durant l’Antiquité. Aujourd’hui, la question de la dangerosité de certains produits cosmétiques se pose notamment à cause de l’industrialisation qui a introduit de nouveaux produits chimiques dans les cosmétiques et a ainsi rendu nettement plus difficile la compréhension de leur composition. S’ajoute à cela une forte dynamique de blanchiment écologique (« greenwashing ») de marques peu scrupuleuses, faite d’emballages verts et de messages flous. Comme la nourriture, les cosmétiques sont au plus près de notre corps dans ses parties poreuses, ce qui justifie un questionnement accru pour notre santé, et, en plus, ils se retrouvent directement dans les eaux usagées et donc possiblement dans nos écosystèmes ! Résultat, nous nous posons toutes et tous un jour cette question dans notre salle de bain : comment savoir si ces produits ne sont pas nuisibles ?
Identifier les produits problématiques
D’abord, il faut savoir que sur l’étiquette d’un cosmétique tous les ingrédients sont obligatoirement rangés par ordre décroissant, des plus présents aux plus faiblement dosés. Commençons par identifier quelques composants courants et problématiques : les parfums synthétiques (l’étiquette dira « parfum » ou « fragrance »), les huiles minérales (silicones, non biodégradables, dont les noms se finissent souvent par « ane » ou « one », paraffine, etc.), les colorants synthétiques, mais aussi des substances suspectées d’être des perturbateurs endocriniens : parabens, triclosan, phenoxyethanol… Bonne nouvelle : les labels bio, quoique différents, ont en commun l’interdiction de ces substances. En revanche, certains produits qui peuvent poser problème n’en sont pas bannis : par exemple certains irritants, telles que peuvent l’être les huiles essentielles, ou la coco bétaïne, irritante et allergisante. Pour y voir plus clair dans la composition, le site Ecoconso, porté par une association belge, propose une liste d’ingrédients à privilégier et à éviter. Très utile également : l’application (et le site) INCI Beauty qui permet d’avoir de nombreuses infos à la fois sur les compositions et sur chaque composant. test

Ces dernières années les cosmétiques ont beaucoup été questionnés du point de vue des déchets : la généralisation des shampoings solides dans les salles de bains écologiques a pour but principal de limiter les emballages dans une démarche zéro-déchet. C’est ce que propose par exemple Lamazuna présente chez Ekobutiks avec un shampoing fabriqué main qui convient à toute la famille. Toujours côté impacts environnementaux, on peut citer parmi les composants classés comme dangereux pour la vie marine par l’European Chemical Agency (ECHA) : certains sulfates (qui apportent l’aspect mousseux des produits tels que shampoing, mousses à raser, etc.) ou le Behentrimonium Chlorid.
Quelques labels pour cosmétiques
Fondé en 2010 par cinq partie-prenantes des cosmétiques européennes, le référentiel Cosmos distingue quatre catégories :
- Pour les produits finis, la certification naturelle « Cosmos Natural » et la biologique « Cosmos Organic » ;
- Pour les ingrédients et matières premières, Cosmos Approved (matières premières, par essence non issues de l’agriculture biologique comme l’eau ou les minéraux, dont l’utilisation est approuvée) et Cosmos Certified (ingrédients dont une partie est produite biologiquement).
Pour la dernière catégorie, une liste complète des ingrédients concernés et des marques labellisées les utilisant se trouve en ligne. Le label est attribué par des organismes certificateurs comme l’est par exemple Ecocert Greenlife, filiale du groupe Ecocert, lui-même porteur dès 2002 d’un référentiel pour les cosmétiques écologiques et biologiques. La charte du label Cosmos exige des ingrédients dont les procédés chimiques sont respectueux de l’environnement (« chimie verte ») et interdit les parfums, colorants et conservateurs de synthèse, la pétrochimie (paraffine, PEG, silicone) et les OGM. Le label Cosmos organic, obligatoire depuis 2017 pour les nouveaux cosmétiques biologiques, certifie que le produit contient au minimum 95 % d’ingrédients d’origine naturelle et 95 % d’ingrédients biologiques pour les ingrédients pouvant l’être. C’est par exemple le cas du déodorant solide de la marque « Comme avant », qui est à la fois labellisé Cosmos organic et Slow Cosmétique (dont on vous parle un peu plus bas) et à la composition très simple (Beurre de cacao, cire de carnauba, ester d’acide citrique, racine d’iris de Florence).

Le label Cosmebio est porté par l’association du même nom, créé en France en 2002 par une dizaine de laboratoires. Les produits labellisés ne contiennent pas de substances controversées ou de perturbateurs endocriniens potentiels en se basant sur un principe de précaution scientifique. La différence avec le référentiel Cosmos ? « Cosmos natural » impose 95 % d’ingrédients d’origine naturelle, Cosmébio également mais y ajoute l’impératif de 10 % d’ingrédients biologiques a minima, alors que la plus récente et la plus exigeante, « Cosmos organic », y ajoute l’impératif d’un minimum de 20 % d’ingrédients bio sur la totalité du produit. Pour visualiser ce que recouvrent ces pourcentages, voici un exemple donné par Cosmebio sur son site :

Natrue, porté par des fabricants européens, propose depuis janvier 2021 deux niveaux de certification : « Natrue cosmétiques naturels » et « Natrue cosmétiques biologiques ». Entre les deux niveaux de certification, l’enjeu est la part des substances naturelles et dérivées naturelles, plus élevée pour le deuxième niveau : par exemple pour les huiles et produits sans eau, le minimum de substances naturelles est de 80 % pour le premier niveau et de 90 % pour le deuxième. Un exemple de produit labelisé Natrue ? Le savon parfum eucalyptus de Dr. Bronner’s chez Ekobutiks, qui est adapté à 18 usages différents dans la maison, à la fois shampoing, soin bébé mais aussi dentifrice – sans compter les usages ménagers au-delà de l’hygiène !

Le label de l’association Nature et Progrès s’appuie sur des critères strictes : 100 % des ingrédients doivent être d’origine biologique, les conservateurs, d’origine naturelle, et le produit ne peut pas d’ingrédients chimiques de synthèse ni d’OGM. La mention « Nature et Progrès » apposée sur les produits s’inscrit dans un cahier des charges spécifique aux cosmétiques mais aussi dans une démarche bio plus globale, la charte, incluant les dimensions de solidarité et démocratie et de respect de l’environnement. Une démarche particulièrement exigeante que remplit par exemple la crème hydra-déodorante de Karethic, également labellisée Slow Cosmétique.

Slow Cosmétique et do-it-yourself
Une démarche que nous avons particulièrement appréciée, chez Eco-Sapiens, est celle de la mention « Slow Cosmétique ». Elle s’appuie sur la participation citoyenne en plus de l’examen d’un jury professionnel. « Pour chaque session d’évaluation, nous recevons en moyenne une cinquantaine d’avis publics. Certains sont de simples retours appréciatifs sur un produit, mais la plupart témoignent d’un réel soutien pour une ou plusieurs marques, avec des retours sur des visites sur les lieux de production, ou sur les packagings utilisés, ou encore la pédagogie des marques… Ces avis viennent enrichir les évaluations complètes de notre jury expert bénévole au moment des délibérations finales », explique Constance Sycinski, coordinatrice générale de l’association Slow Cosmétique AISBL. La démarche d’évaluation ne cherche pas qu’à juger, mais aussi à faire évoluer dans le temps les marques retenues : ainsi la mention s’accompagne d’une à trois étoiles, selon l’état d’avancement de la marque sur chacune des 60 questions posées. Ainsi, la marque Gaiia est déjà notée « deux étoiles » avec ses produits artisanaux fabriqués dans la Drôme, dont son dentifrice solide fabriqué par saponification à froid – un procédé plus économe en eau et en énergie.

Parmi les critères retenus par l’association Slow Cosmétique, il y a bien sûr la question d’une cosmétique écologique et « saine », portant sur la liste des composantes et sur l’emballage, mais aussi des aspects plus éthiques qui soutiennent les entreprises à dimension humaine et les promesses réalistes. Ses quatre « piliers » sont synthétisés ici et présentés en détail là :

L’association promeut également l’usage de produits bruts « couteaux suisses », comme le gel d’aloé vera ou l’huile de chanvre. Présents dans la composition de cosmétiques prêts à l’emploi, ils peuvent aussi être utilisés dans une démarche do-it-yourself (DIY) pour créer ses propres cosmétiques sains à partir d’une liste courte d’ingrédients qu’on contrôle intégralement. Elle propose de nombreuses recettes simples à mettre en œuvre : bains d’huiles pour les cheveux, solutions pour des mains douces sans crevasses ou bien base lavante corps et cheveux, que vous pouvez compléter du shampoing, du dentifrice ou encore de la mousse à raser faits maison que vous retrouverez sur Eco-Sapiens…
